XXIII

LE CONGRÈS DE HARVARD

La tradition des grands congrès internationaux de philosophie, tradition interrompue par la guerre, a été pleinement reprise durant les dernières vacances. Le Congrès d'Oxford, en 1921, ne voulait pas être international. Le Congrès de Naples, en 1924, n'avait pas égalé en ampleur les assemblées qui se succédèrent, depuis 1900, à Paris, à Genève, à Heidelberg et à Bologne. Cependant il fera nombre, désormais, avec elles, puisque le Congrès réuni à l'Université Harvard, du 13 au 17 septembre 1926, a été compté comme le sixième de la série.

C'était la première fois que l'Amérique prtnait son tour. Les circonstances la désignaient pour le faire : ses amitiés ne sont pas exclusives; la prospérité miraculeuse dont elle jouit, l'autorité qu'une situation privilégiée lui donne dans le monde, tout l'engage à affirmer aussi son initiative dans le domaine de la haute culture. C'est un rôle encore nouveau où elle s'essaye, et sans doute tient- elle à y faire bonne figure. Elle peut être satisfaite, le Congrès de 1926 a fort bien réussi.

Il ne pouvait être question, aux taux actuels du dollar et des compagnies transatlantiques, de réunir de l'autre côté de l'Océan, un grand nombre d'auditeurs européens. Les seuls à faire le voyage devaient être à peu près ceux que le comité organisateur in\i- terait à traiter quelque sujet déterminé. Ils sont venus assez nombreux, représentant les petites et les grandes nations, et les deux camps de la grande guerre. Ce n'était point là chose entièrement neuve, — on s'était déjà rencontré à Naples, — mais cette fois ce fut une chose qu'on n'hésita pas à souligner et cela, sans doute, est encore un peu nouveau à l'heure où nous sommes.

Tout invitait aux épanchements de la fraternité scientifique : l'atmosphère américaine les attendait, l'esprit qui souffle depuis Lo- carno les permettait, et les thèmes pacifistes ont toujours été classiques chez la plupart des philosophes. Sans doute, aux envi-

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