XIV
LA PHILOSOPHIE
EOMANTIQUE
En octobre 1927, on commémore le centenaire de cette Préface de Cromwell qui, sans doute, est un peu le manifeste du groupe romantique français. Peut-être nous invitera-t-on ensuite à célébrer, en février 1930, un autre centenaire, celui de la « bataille à'Hernani ». De l'une à l'autre de ces deux dates, nous revivons une révolution littéraire qui fait époque dans l'histoire des lettres françaises. Mais il semble que cette crise ne tienne que de très loin à l'histoire de la philosophie.
Relisons pourtant la célèbre préface. Qu'est-ce que ces vues ambitieuses sur les âges de la poésie, encadrées de vues plus ambitieuses encore sur « les trois grands âges du monde »? Qu'est-ce encore, plus loin, que cette déduction, assez confuse d'ailleurs, où les traits de la poésie romantique sont rattachés à l'influence du christianisme ? La mélancolie, le réalisme, l'union du grotesque et du sublime dans le drame comme dans la vie, tout cela fruit d'une religion spirituelle qui montre à l'homme « qu'il est double comme sa destinée... qu'il est le point d'intersection, l'anneau commun des deux chaînes d'êtres qui embrassent la création ». Avec plus d'éloquence que de précision, Vic-
*) Lecture faite à l'Académie royale de Belgique en séance du 1er août 1927.
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