216 L. Noël

XI

RETOUR A LA SCOLASTIQUE ?

Voici une brochure qui ne manquera pas d'intéresser nos lecteurs. Elle porte un titre qu'on croirait cueilli dans les premières publications de l'Ecole de Louvain : Le retour à la Scolastique. Mais elle paraît à Paris, à la Renaissance du Livre, dans une petite collection toute récente qui s'intitule Bibliothèque internationale de critique, et où l'on pêche au hasard les noms assurément peu cléricaux d'Edmond Laskine, d'Onésime Reclus et de notre concitoyen M. Maurice Wilmotte.

Je ne connais l'auteur, M. Gonzague Truc, que par ce qu'il veut bien nous dire sur son compte. H me paraît avoir des sympathies pour la vieille France et n'en avoir guère pour « l'enseignement primaire, obligatoire et gratuit, n'omettons pas laïque ». Il n'a pas la foi catholique et il tient à ce que nous le sachions : « Je ne serai pas suspect, pense-t-il, de parti pris confessionnel ». Et de fait on le surprend parfois à exprimer des sentiments fort peu dévots sur « la tragédie lamentable qui nous a dépossédés de la sagesse antique et a jeté sur le monde moderne le voile ténébreux du Golgotha ».

Dès lors, l'hommage que M. Truc rend à la scolastique nous apparaît comme un phénomène nouveau. Depuis que Léon XIII mit en branle le mouvement néo-scolastique, il s'est trouvé, hors de l'Eglise, des esprits objectifs pour le trouver intéressant, pour noter sa tenue technique et pour l'accueillir même parmi les nuances de la pensée contemporaine sur un certain pied d'égalité. C'étaient des hommages d'adversaires, ils conféraient au thomisme la qualité de belligérant, ils ne lui apportaient pas de recrues. Cette fois on proclame qu'il y a lieu tout-simplement, pour la pensée moderne, d'aller à l'école chez les scolastiques, d'apprendre d'eux des choses qu'elle a eu tort d'oublier, de s'inspirer d'eux pour mieux accomplir sa tâche philosophique. En somme il est regrettable que l'on ait perdu le fil de la tradition et il y a un intérêt intellectuel majeur à le renouer.

C'est ce que nous disions depuis un quart de siècle. Mais nous le disions en ayant, pour le dire, à côté de ces raisons de pure tech-