Couverture fascicule

Rémi Brague, Europe, la voie romaine

[compte-rendu]

Année 1993 91 pp. 498-502
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 498

498 Comptes rendus

Rémi Brague, Europe, la voie romaine. Un vol. 21 x 13 de 189 pp. Paris, Criterion — Idées, 1992.

Dans cet essai, bien venu à l'heure où l'on débat sur l'unification européenne, l'A. se propose de réfléchir sur l'essence de l'Europe, c'est-à-dire sur ce qui constitue son unité et son identité. Diviser pour unir, telle est la méthode utilisée afin de dégager ce que doit être l'unité d'une multiplicité sans laquelle l'Europe ne peut se concevoir. Il s'agit de surmonter la double menace qui pèse sur l'histoire «balafrée» (p. 10) de celle-ci: une unité-totalité négatrice des différences et une multiplicité déliquescente rendant impossible toute unité.

Comment saisir ce qu'est l'essence de l'Europe? En la séparant de ce qui n'est pas elle. Nous obtiendrons alors une «notion variable» de l'idée européenne, toutefois de telle manière que la différence ne puisse remettre en question son identité. Afin de définir cette dernière, l'A. forge un concept, celui de «romanité». Puis il formule sa thèse: «montrer que l'Europe est essentiellement romaine, en montrant que l'on peut récapituler les altérités par lesquelles elle se définit à partir de sa latinité» (p. 22). Son objectif consiste donc à voir comment l'Europe se distingue de ce qu'elle n'est pas grâce au caractère latin, ou romain, de son rapport aux sources auxquelles elle puise.

Cet essai ne se présente pas, nous avertit l'A., comme une histoire de l'idée européenne, mais comme une étude sur l'âme de l'Europe. Il ne s'agit donc pas de dresser l'inventaire des contenus culturels, des traditions religieuses et nationales ou des apports individuels. Ce n'est pas la matière qui intéresse mais la forme de la culture, non son contenu mais sa transmission. Alors nous découvrirons le ressort du dynamisme interne propre à l'aventure européenne dans la notion de «romanité».

Qu'est-ce donc que cette romanité qui, selon l'A., constitue l'essence de l'Europe, son unité? Tout d'abord, nous fait-on observer, l'unité culturelle de l'Europe est double. Elle se ramène à deux éléments irréductibles l'un à l'autre: la tradition juive et chrétienne, et la tradition du paganisme antique. En d'autres termes, pour reprendre l'expression de Chestov: Athènes et Jérusalem, ou comme dit saint Paul: le Grec et le Juif. Ces deux notions ont été opposées après qu'on s'est attaché à isoler le contenu propre à chacune: la beauté contre l'obéissance, l'esthétique contre l'éthique, la raison contre la foi... L'accent a été mis sur la différence, sur la tension qui finit par les déchirer. A-t-on eu raison? Et si ce conflit était constitutif de l'unité, si au lieu de la détruire il la fécondait? Il ne faudrait plus dire alors que l'Europe est grecque et hébraïque, mais qu'elle est également romaine: Athènes, Jérusalem et Rome! Brague complète Chestov. Mais attention! L'élément romain n'arrive pas à la fin comme pour opérer une synthèse. Nous sommes d'abord romains, c'est la raison pour laquelle nous pouvons nous dire grecs et juifs (p. 27).

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw