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Roger Pouivet, Après Wittgenstein, saint Thomas

[compte-rendu]

Année 2000 98-1 pp. 186-187
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Roger Pouivet, Après Wittgenstein, saint Thomas (Philosophies). Un vol. 11,5 x 17,5 de 128 pp. Paris, Presses universitaires de France, 1997.

Il peut paraître étrange de voir accolés les noms de Wittgenstein et de saint Thomas d'Aquin. Rien a priori ne semble les rapprocher. Sept siècles les séparent et ils appartiennent tous deux à des horizons intellectuels totalement différents. Et, cependant, dans cette étude clairvoyante Roger Pouivet montre de manière convaincante que Wittgenstein «permet de relire d'un oeil neuf» et même de «constituer une propédeutique à la lecture de l'Aquinate».

Le point de jonction des deux auteurs est l'opposition de leur doctrine à la conception «internaliste» et «individualiste» de la philosophie moderne héritée de Descartes. Pour les philosophes modernes, de Descartes à Husserl, l'esprit a un accès direct à ses propres contenus et à ses propres actes. Ce sont là de fausses évidences critiquées par Wittgenstein. Pour ce dernier, comme pour saint Thomas, l'intentionna- lité et la volonté ne sont pas des états mentaux refermés sur eux-mêmes, mais des capacités de comprendre et des dispositions à se comporter de telle ou telle façon. En d'autres termes, l'esprit n'accède pas directement à lui-même. Nous nous trouvons devant une philosophie «externaliste» et «anti-individualiste» qui prend le contre-pied des modernes.

Par externalisme il faut entendre «la thèse selon laquelle pour une personne donnée, au moins certains facteurs justifiant ses croyances ne sont pas accessibles par l'examen interne de ses raisons de croire». Si ce qui justifie nos croyances, fait observer l'Auteur, n'est pas leur examen interne en fonctions de critères absolus de justification, sur le modèle cartésien, alors l'examen de nos raisons de croire ne peut plus être individualiste. Il en découle que l' externalisme est compatible avec l' antiindividualisme. Nos contenus de pensées dépendent, en effet, de notre appartenance à une communauté, à un environnement social, aux circonstances, à certains états de choses, en bref à des causes concrètes. Dès lors, le point de départ de la connaissance et de l'action n'est pas le «je pense» abstrait ou la «bonne volonté» en général.

Cette lecture postwittgensteinienne de saint Thomas se trouve dans les travaux de trois philosophes britanniques particulièrement étudiés par M. Roger Pouivet: Elizabeth Anscombe, Peter Geach et Anthony Kenny.

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