Le plan de la Somme théologique et le rapport « Ratio - Revelatio »

Dans le prologue de la Somme théologique, saint Thomas d'Aquin nous révèle les principes qui ont motivé le choix de sa façon de procéder pour exposer la matière de la « sacra doctrina ». Il commence par y faire la critique des formes courantes de l'enseignement théologique. Aucune d'elles ne lui paraît répondre de façon satisfaisante au but qu'il se propose. Tout l'enseignement courant prenait son point de départ dans un texte donné, de la Bible ou des Sentences du Lombard, qu'il s'agissait de commenter. Le maître était assujetti à la matière et à la disposition du texte dont il traitait et, au cours de la discussion, l'exposé était également assujetti au hasard des circonstances extérieures et aux limites étroites du sujet de la « disputatio ». D'où bien souvent une multiplication de questions et d'arguments inutiles qui ne faisaient qu'engendrer la confusion dans l'esprit de l'auditeur et l'empêchaient de se faire une idée d'ensemble du contenu de foi transmis, ce qui était pourtant le but de l'enseignement. Aussi, aux yeux de saint Thomas, ni la « lectio » ni la « disputatio » ne se révélaient capables de donner ce nécessaire résumé systématique de la « sacra doctrina ». Ces méthodes avaient ceci en commun qu'elles ne transmettaient pas le savoir « secundum ordinem disciplinae », ce que saint Thomas, par contre, se proposait de faire.

Pourtant ce n'est pas ce motif d'ordre pédagogique qui décida, en dernière analyse, de la forme que saint Thomas donna à son ouvrage. Il considère que cet « ordo disciplinae » qu'il suit lui-même, se trouve pour ainsi dire fondé dans le caractère propre de la matière enseignée, caractère qui ressort de la comparaison que saint Thomas fait entre sa façon à lui de distribuer cette matière et celle des exposés théologiques antérieurs. Sa Somme, en effet, était loin d'être le premier essai de résumé systématique du donné révélé. Une solution