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DE L'ENDROIT OÙ L'ON ABRITAIT
QUELQUES STATUES D'ARGOS
ET DE LA VRAIE NATURE
DU FEU DE PHORONEUS.
UNE NOTE CRITIQUE
1. Un historien de la philosophie a qualifié la pensée de Platon d'idéalisme réaliste, car il attribuait une existence propre aux idées. Dans le brillant article qu'il vient de consacrer, dans la première livraison de ce volume, à Hermès et Aphrodite à Argos (ci-dessus, p. 211-223), P. Marchetti pratique une méthode qu'on pourrait qualifier de matérialisme topographique, dans la mesure où il transforme systématiquement en liens topographiques concrets les relations symboliques qu'il retrouve dans la mythologie et la religion argiennes. Tout comme P. Marchetti, je suis convaincu que la distribution topographique des curiosités que Pausanias décrit dans sa Périégèse ne relève pas du hasard. Elle s'organise en fonction des grandes voies d'accès1. Mais d'autres associations d'idées pouvaient s'imposer aux Anciens lorsqu'ils construisaient leur mythologie : les homonymies, les similitudes verbales, ou l'attrait puissant d'un cycle légendaire particulièrement apprécié. La lecture topographique des mythes et des légendes peut se révéler un instrument heuristique efficace, si on la pratique avec la prudence qui s'impose.
Je ne veux pas entrer ici dans une discussion détaillée de tout le système qui nous est; offert, mais relever deux propos qui ne me paraissent pas répondre aux faits qu'on peut établir en partant de bases assurées.
2. Un rapprochement entre la consécration de lyres à carapace de tortue dans un sanctuaire de la fin de l'archaïsme découvert à 100 m du théâtre, dans le champ Granias, et les statues d'Hermès et d'Aphrodite mentionnées par Pausanias dans le sanctuaire d'Apollon Lycien suggère à P. Marchetti la conclusion suivante : « II faudrait donc être rebelle à toute évidence pour ne pas [...] situer les statues en bois d'Hermès et d'Aphro-
(1) M. Piérart, Polydipaion Argos (1992), p. 132-133.