Quel est le rapport que le langage entretient avec la phénoménalisation, ce mouvement de manifestation qui nous fait venir aux phénomènes compris dans leur apparaître originel ? Comment le langage s’articule-t-il au fil de l’intuition qui cherche à en saisir la donation ? Comment les évidences phénoménologiques en viennent-elles à s’exprimer en lui de manière claire et pérenne ? Ces questions acquièrent leur pertinence à partir du dessein de saisir les phénomènes en un langage adéquat, qui fut une des premières et principales finalités de la phénoménologie. Suivant ce projet — où il en va de sa vocation en tant que logos de la phénoménalisation — la phénoménologie peut être conçue comme le langage des phénomènes, se formant à même leur apparaître, afin de les exprimer et de les faire perdurer dans la pensée. Ce qui se joue alors dans son rapport au langage est ni plus ni moins que son statut, mesuré à l’aune de sa capacité de dire les phénomènes. Comme nous le savons, celui-ci relève d’un certain exercice de fidélité que s’impose l’analyse phénoménologique — la fidélité «aux choses mêmes» — et des possibilités de pratiquer cette fidélité en parole. Or, dès que l’on comprend que cet exercice désigne un effort infini qui n’a rien de la facilité d’une emprise concrète sur les choses, mais doit tout à la constitution de leur sens, s’ouvre la riche aventure phénoménologique de l’expressivité. Envisagé dans sa perspective, le développement téléologique de la raison que décrit la Crise des sciences européennes apparaîtra comme étroitement lié au parachèvement continuel de ce langage, à son ajustement indéfini à ce qu’il doit décrire, élucider et dire tout à la fois : décrire la phénoménalisation, élucider son mode de donation, pour, finalement, dire «ce qui arrive», la rencontre entre un certain mouvement à l’oeuvre dans les phénomènes — agitant le champ de leur phénoménalisation selon des rythmes et des tonalités qu’il s’agit de capter de manière juste — et un certain mouvement de la pensée réflexive qui y participe.
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Popa, D. (2008). La phénoménalisation et son expression. In: Mattens, F. (eds) Meaning and Language: Phenomenological Perspectives. Phaenomenologica, vol 187. Springer, Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-1-4020-8331-0_12
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