COMPTES RENDUS
Philosophie des temps modernes
Un vol. 24 x 16 de xi-302pp. Ithaca-Londres, Cornell University Press, 1987. Prix: 33$.
Mettre en lumière les principes philosophiques sous-jacents au libéralisme politique, qui, mis en place dans l'œuvre de Hobbes et dans celle de Locke, font l'objet d'une critique chez Rousseau, en exhibant l'articulation qui relie les textes politiques de ces trois philosophes à l'ensemble de leurs œuvres respectives, telle est la tâche que s'assigne Rapaczynski dans cet ouvrage. Il entend ainsi montrer comment le libéralisme politique s'est constitué sur le rejet des conceptions aristotéliciennes et médiévales du monde et du concept téléologique de nature qu'elles véhiculaient et sur une référence explicite au modèle mécaniste des sciences de la nature.
Ce modèle est déjà celui qui sous-tend la philosophie politique de Hobbes, laquelle prétend se fonder dans une investigation scientifique qui doit dégager les lois mécaniques qui régissent la nature humaine. Cette nature humaine est foncièrement individualiste et asociale: c'est là ce qui, aux yeux de Rapaczynski, fait de Hobbes le précurseur du libéralisme politique. Reprenant les principaux thèmes de la philosophie de Hobbes, l'ouvrage nous en propose une lecture strictement positiviste qui rompt délibérément avec d'autres interprétations «prudentia- listes» ou morales, comme celle de Leo Strauss par exemple. A cet égard, on y trouve une interprétation assez originale du contrat social. Celui-ci ne renverrait, chez Hobbes, ni à un événement historique, ni à une exigence morale ou à un consensus hypothétique. Il se rapporterait plutôt au «processus par lequel le consensus effectif des gouvernés devient une prophétie s'auto-accomplissant {self-fulfilling prophecy, c'est-à-dire une conviction qui du seul fait qu'elle est conviction réalise de facto son contenu) et confère à la fois puissance et légitimité de fait à l'exercice de l'autorité politique» (p. 73).
Retraçant dans la deuxième partie les liens qui unissent les deux