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Denis L. Rosenfield. Du mal. Essai pour introduire en philosophie le concept du mal

[compte-rendu]

Année 1993 91 p. 497
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Denis L. Rosenfield. Du mal. Essai pour introduire en philosophie le concept du mal. (Philosophie de l'esprit). Un vol. 22 x 13,5 de 194 pp. Paris, Aubier, 1989. Prix: 93 FF.

Les expériences historiques limites de notre siècle — celles du totalitarisme et du génocide — nous obligent à repenser les rapports de la morale et de la politique. Cette réflexion doit, selon D. Rosenfield, s'articuler autour du concept de «mal radical», de «volonté maligne». Procédant à une enquête dans l'histoire de la philosophie qui interroge successivement Kant, Schelling et Hegel, D. Rosenfield constate qu'aucun de ces philosophes n'a pu réellement faire place à cet autre de la raison qu'est le mal radical. La cause en est qu'ils ne tirent pas assez radicalement toutes les conséquences de la vacuité de la nature humaine à laquelle ils tentent pourtant de faire droit. Pour notre auteur, le mal ne réside pas seulement dans une volonté qui se contredit logiquement, qui contredit la loi morale par un abandon de la liberté dans le «laisser-aller de la satisfaction immédiate». Plus radicalement, le mal réside dans la volonté maligne qui s'oppose pratiquement à une autre dont elle vise la destruction et qui inverse délibérément la signification de l'impératif catégorique en y opposant une conception «autre» de l'homme. Puisque l'essence de l'homme est un abîme sans fond, puisque l'homme se construit dans l'histoire et y modèle successivement ses différentes figures, ses différents étants, alors le mal radical est une des figures possibles, une des déterminations positives que peut prendre l'humanité. La conclusion de Rosenfield peut ici faire difficulté. Si l'homme est totalement indéterminé en son essence, s'il peut créer librement les figures de la déraison et si la raison n'est qu'un choix parmi d'autres, où pourrons-nous trouver l'aune qui permettra de mesurer ces figures pour les assigner au mal? Lorsque l'histoire n'est qu'une «succession d'étants» totalement étrangers les uns aux autres et parmi lesquels la raison n'est qu'un possible, alors disparaît l'horizon d'universalité — que Rosenfield semble pourtant apercevoir, mais sans le thématiser — qui nous permettrait de reconnaître le mal jusque dans ses manifestations les plus radicales.

Hervé Pourtois.