NOTES D'ICONOGRAPHIE PRÉHELLÉNIQUE DRAGONS ET CROCODILES

Bien que le nombre des représentations connues en soit très limité — et plusieurs documents trouvés hors de fouilles ont été suspectés d'être des faux — les dragons occupent sans doute une place importante dans le bestiaire fantastique de l'art créto-mycénien et dans les croyances de cette époque1. C'est un dragon que chevauche la déesse aux bras levés sur un sceau de Mycènes, ainsi que sur des pâtes de verre de Midea où l'on avait cru reconnaître Europe sur le taureau ; c'est encore un dragon qui, sur l'« anneau de Nestor » provenant de Kakovatos, garde, tel Cerbère, selon l'interprétation d'Evans, l'accès du Pays des Morts2. La publication récente de quelques nouvelles représentations de dragons ou animaux apparentés3 nous fournit l'occasion de reprendre l'étude iconographique d'une catégorie qui reste assez mal connue, bien que les premiers documents aient été découverts il y a maintenant cent ans, en 1876, par Schliemann à Mycènes.

L'identification de ces animaux étranges, à long corps souvent marqué de lignes et de points, à tête aplatie au museau allongé (faute de renseignements sur leur nom réel, nous leur garderons ce nom de dragons qui est commode et convient assez bien) a donné lieu en effet, dans les publications, à bien des interprétations diverses : on y a vu tour à tour des chiens ou des hippocampes, des chevaux ou des taureaux, des renards ou des griffons, voire des chameaux. Les études qui leur ont été consacrées, par D. Levi puis par M. Gill, ont bien montré cependant qu'ils constituaient, à côté