Filozofija i drustvo 2012 Volume 23, Issue 4, Pages: 218-237
https://doi.org/10.2298/FID1204218R
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Le devenir Afrique de Lumumba, Nkrumah et Sankara. Ou de l’importance de ressasser le passé contre le discours de Dakar
Rampazzo Bazzan Marco (Université de Toulouse - Le Mirail (Toulouse ) France)
Cet article, issu d’une étude menée au sein du Groupe de
Recherches Matérialistes, vise à critiquer la matrice idéologique
neocolonialiste du célèbre et controversé discours que Nicolas Sarkozy tint à
Dakar en 2007. Les thèses de l’ancien Président de la République Française
sont d’emblée reconduites aux stéréotypes colonialistes, puis déconstruites à
partir de l’invitation à revenir sur cette page de l’histoire formulée par
Makhili Gassama, ancien conseilleur de Senghor. Tout en reconnaissant la
complicité d’une grosse partie des politiciens africains dans le partage et
saccage de leur continent et dans les guerres qui les traversent, l’article
veut contrecarrer le discours de Sarkozy par les paroles de trois
représentants les plus significatifs du panafricanisme: Kwame Nkrumah,
Patrice Lumumba et Thomas Sankara. Ces trois hommes politiques ont dénoncé
avec fermeté les intérêts économiques néocoloniaux qui empêchent une
véritable indépendance de l’Afrique. Il s’agit en outre de souligner que
l’oblitération et le refoulement des souffrances provoquées par la
colonisation au sein des pays de l’occident sont l’indice de l’acceptation
par la majorité de leurs populations de l’état des choses en Afrique, qui est
ainsi, en quelque sorte, naturalisé. Cette acceptation tacite constitue une
condition fondamentale de la reproduction quotidienne du dispositif
pacificateur de domination au sein du monde développé. Les maux de l’Afrique
trouvent leur cause alors moins dans une attitude de l’homme africain que
dans un système de domination économique et idéologique assuré par les
institutions internationales tels que l’ONU, la Banque mondiale ou le FMI.
Keywords: Neo-colonialisme, Pan-africanisme, Kwame N’Krumah, Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Dette, Sous-dévéloppement, Discours de Dakar, Indépendance de l’Afrique