Les expressions intellectuelles et religieuses de l'homme préhistorique

Problèmes et méthodes pour une étude comparée art-religion

Reprenant le dialogue commencé lors du Valcamonica Symposium de 1972 consacré aux religions de la préhistoire (voir RTL, 6, 1975, 107-1 12) et continué à Calcutta en 1976 par une recherche sur les religions des peuples sans écriture (voir RTL, 8, 1977, 122-126), l'Association internationale pour l'étude des religions préhistoriques et ethnologiques (IASPER) a tenu du 28 juillet au 3 août 1979 un Symposium intitulé: les expressions intellectuelles de l'homme préhistorique, art et religion. Sous la direction du professeur Anati, cette rencontre a réuni cent trente participants venus de trente-neuf pays et des cinq continents. Elle a eu lieu à Pontedilegno, au bout du Valcamonica, cette vallée alpine située au N-E de Milan et où le Centro Camuno a déjà découvert plus de 160.000 inscriptions rupestres.

Créée en 1972, à l'initiative d'Emmanuel Anati, la société IASPER a pour objet, d'une part, de promouvoir la recherche scientifique au niveau le plus élevé dans le domaine des religions et des autres aspects de la vie intellectuelle des sociétés sans écritures et, d'autre part, de faciliter le dialogue interdisciplinaire en assurant la permanence des contacts entre spécialistes des disciplines concernées, notamment entre préhistoriens, anthropologues, ethnologues, historiens de l'art et historiens des religions. Dans la recherche sur la pensée de l'homme préhistorique et de l'homme des sociétés sans écriture, le travail interdisciplinaire est une nécessité. En effet, alors que l'historien des grandes religions a des textes et des livres sacrés, la recherche relative à l'homme archaïque ou primitif ne dispose que de traces et de signes. Il faut inventorier, classer et comparer ces documents avant de tenter des essais d'interprétation. Ces diverses besognes exigent le concours de plusieurs disciplines.

I. Origines des manifestations intellectuelles

Les organisateurs du Symposium de Pontedilegno avaient prévu une première voie de recherche, menée grâce à une trentaine de communications réparties en trois sections qui ont travaillé l'une à la suite de l'autre. Il fallait permettre à chaque discipline de donner son éclairage spécifique aux divers sujets. La section I était consacrée aux origines des manifestations intellectuelles. Dans une démarche d'anthropologie physique, B. Chiarelli de Turin a tenté de suivre l'évolution