NOTES ET COMMUNICATIONS
D'un singulier emprunt à saint Anselme chez Raoul de Laon
Moins important que son frère l'écolâtre Anselme, Raoul de Laon (f vers 1131) ne laisse pas d'avoir son intérêt comme témoin de la théologie commune au premier tiers du XIIe siècle. Les deux uniques « sentences » de lui qui soient accessibles jus- qu'à présent ont pour objet la Rédemption (1) et permettent de le classer parmi les auteurs, alors assez nombreux, chez lesquels la « philosophie de l 'économie rédemptrice est encore dominée parr cette préoccupation de Satan que l'archevêque de Cantor- béry avait tout fait pour en écarter » (2) .
Encore y a-t-il la manière. Celle de Raoul a ceci de particulièrement savoureux et probablement d'assez peu banal que, pour définir sa position personnelle, il ne croit pas' 'pouvoir mieux faire que d'emprunter à saint Anselme, en la retournant, la formule même par laquelle teelui-'ci par avance la désavouait. Il n 'est besoin que de comparer les textes rpour établir le fait et la qualité du pîlajgiat.
(1) G. Lefèvre, Anselmi Laud, et Radulfi, fratris eiusSent. excerpt., Evreux, 1895, n°s 30-31, p. 43-47.
(2) Le dogme de la Rédemption au début du Moyen Age, Paris, 1934, p. 152. Raoul y est analysé au milieu de son groupe naturel (p. 138, 139, 140, 145, 147, 150 et 153).