DOCUMENTS D'ASIE MINEURE
XXIII. Sardes et les roseaux du lac Koloe
Dans l'article précédent j'avais traité du lac Gygaia ou Koloè, au Nord de Sardes, et de son exploitation antique et moderne1. J'avais réuni, pour d'autres lacs de l'Asie Mineure aussi, de nombreuses données sur leur utilisation : pêche, chasse des oiseaux d'eau et récolte des roseaux. Les roseaux pouvaient servir à la fabrication des nattes et le lac de Simav nous avait fourni une documentation détaillée. Pour l'époque contemporaine, les lacs de l'Aksehirova, au Nord du Sultan Dag, avaient permis de montrer le rôle essentiel des claies de roseaux dans la construction des maisons des villages2. Même rôle, d'après des inscriptions de Délos et d'Eleusis, des καλαμίδες dans les constructions antiques3.
Après avoir envoyé à l'impression le travail précédent, je tombai sur le texte d'Hérodote, V, 101. Lors de la révolte des Ioniens contre Darios, les soldats d'Athènes et d'Érétrie, débarqués à Éphèse4, longeant avec les Ioniens le fleuve Gaystre jusque vers Hypaipa, traversèrent le Tmôlos du Sud au Nord et tombèrent sur la ville de Sardes5 qu'ils occupèrent, à l'exception naturellement de l'acropole tenue par les troupes d'Artaphernès. Ils se préparaient à piller quand le feu, mis à une maison, embrasa toutes les autres et gagna la ville entière. C'est que, écrit Hérodote,
(1) BCH 1982, section XXI, 339-359, 378. (2) Ibid., 343, η. 36, d'après H. Wenzel, Sultan Dagh und Akscheir-Ova (1932). Cela forme un précieux parallèle aux procédés antiques auxquels renvoie la note suivante. (3) Essentiel le passage d'A. Orlandos, Les matériaux de construction et la technique architecturale des anciens Grecs, I (1966), 24, n. 1 : « Les καλαμίδες étaient probablement des claies de roseaux sur lesquelles était posée la δόρωσις, c'est-à-dire la boue qui recevait les tuiles » ; inscriptions de Délos et d'Eleusis ; « dans l'inscription des remparts d'Athènes IG, II8, 463, 68 elles sont appelées κάλαμος. Dans les Anecdota Graeca de Bekker, p. 269, on lit : καλαμίδας . . . τους θηλυκούς καλάμους τους πρδς σύνδεσμον των πλινθίνων καταστρωμάτων της οίκοδομίας, c'est-à-dire les roseaux femelles servant à la liaison des couches en briques crues de la bâtisse ». Cf. ibid., 57, pour les claies de roseaux dans le séchage des briques crues, et 66, n. 6, pour roseaux et couche d'argile. (4) Sur la station de la flotte à Korésos, voir Hellenica, XI-XII, 139-144 ; Rev. Phil. 1967, 73-75 ; Bull. Êpigr. 1969, 509 ; CRAc. Inscr. 1982, 58-59. (5) Je prononce ici le nom d'Hypaipa parce que les relations entre cette ville et Sardes sont bien attestées ; cf. Rev. Num. 1976, 35, n. 51 ; 38, fin de la note 60. Cela indique la région ; les Grecs ont pu éviter Hypaipa et monter depuis Dios Hiéron-Birgi (pour la montée, voir BCH 1982, 347).
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