DOCUMENTS D'ASIE MINEURE

XVIII. Fleuves et cultes d'Aizanoi

Chacun sait que les ruines d'Aizanoi, en Phrygie, sont parmi les mieux conservées et les plus prestigieuses de l'Asie Mineure. On ne peut guère parler du site et de la région, des fleuves et des cultes, sans mettre sous les yeux des vues du temple de Zeus posé comme sur un piédestal près de la rive gauche du fleuve. Zeus est le grand dieu et le propriétaire de la région ; son temple est le centre religieux et économique de tout le territoire de la ville. Il se voit de loin comme un cube gris, que l'on vienne du Sud depuis Kadoi-Gediz ou du Nord depuis Kotiaeion-Kiitahya. Les photographies ci-contre ont été prises avant le tremblement de terre de 1970. La figure 3 montre le temple à l'intérieur du solide péribole qui délimitait le sanctuaire et qui le protégeait.

Sur le terrain qui descend au fleuve, des recherches récentes ont fixé l'agora rectangulaire1. Depuis la découverte du site, on a souvent écrit sur le fleuve, les deux fameux ponts romains, toujours en usage, et les quais2.

La plaine d'Aizanoi offre un paysage « phrygien » typique avec les champs nus et l'absence d'arbres ; saules, peupliers, arbres fruitiers ne se trouvent que le long des cours d'eau et autour des maisons des villages. Il est remarquable que, loin d'éprouver la même impression de demi-misère et de mélancolie qu'éveillent bien des villages du plateau anatolien, on soit frappé par la richesse paysanne : les chevaux, les bœufs, les voitures, les oies. W. J. Hamilton, arrivant le 1er avril 1836 à « Oranjik, situé à la bordure Nord-Ouest de la plaine d'Azani », en décrivait l'aspect : « Cette plaine s'étendait devant nous comme un lac jaune, sans un arbre pour mettre de la variété dans sa surface et rompre son uniformité. Complètement entourée par des collines, elle porte fortement la marque d'avoir été un lac dans des temps antérieurs. Les collines ondulant doucement au centre et près de la bordure Sud sont composées