DOCUMENTS D'ASIE MINEURE
XXIX. Retour à Aphrodisias
Dans la section XXV de cette série, traitant d'Iraniens à Aphrodisias, j'ai expliqué le nom Ούμάνιος comme une légère variante du nom iranien Ώμάνης, qui désigne, au milieu du 111e siècle a. G., le chef d'une garnison de Perses dans la forteresse de Magnésie du Sipyle et signifie le fidèle de Vohu Manah, entité de la religion zoroastrienne, la Bonne Pensée. J'avais justifié la variante OT de la graphie Ω, en invoquant ce parallèle : l'anthroponyme Μαιβουζάνης et l'ethnique d'une ville à population iranienne du Sud de la Lydie, Μαιβωζανοί1. Or le fascicule du BCH où paraissait mon article contenait l'édition complète des inscriptions économiques de la trésorerie hellénistique d'Aï Khanoum (Afghanistan)2. Précisément l'un de ces textes, n. 15 (p. 340), porte, après un nom grec et deux noms iraniens, le nom au génitif Ούμάνου et il est très vraisemblable que ce nom apparaît aussi au n° 7 (p. 332) : Ούμάνος. Dans un appendice F. Grenet, p. 373-381, a rassemblé tous les témoignages de l'onomastique iranienne à Aï Khanoum. Il a commenté « Ούμάνης ou Ούμάνος », le rattachant à Vohu Manah (p. 376) ; « du point de vue religieux il s'agit là d'un nom important, car, Vohu Manah n'ayant d'autre acception que zoroastrienne, nous avons là le premier exemple non équivoque d'anthroponyme zoroastrien dans la Bactriane prékouchane ». Le caractère iranien de ΓΟύμάνιος, père de Pythès, à Aphrodisias, est ainsi confirmé.
Traitant des mines de fer sur le territoire d'Aphrodisias, je fus amené à proposer de voir l'interdiction d'un certain travail du fer dans une défense proclamée sur une inscription d'Aphrodisias, ΜΑΜΑ, VIII, 430 : Κωλύει ό τόπος του σιδήρου την δέσιν ΕΠΙ. Il me semble qu'une inscription récemment publiée peut appuyer cette interprétation. Une épigramme, donnée comme appartenant « aux environs d'Antioche »3, provient de la ville pisidienne de Konana4. Le père était un bronzier, réputé dans les arts du feu. Toute ville le célèbre et spécialement Alexandrie. Il avait appris un grand art; au mot τέχνην se joint ce pentamètre : έξέμαθεν μεγάλην τήν τε σιδηρόδετον. Ce dernier mot, à l'occasion de la technique du métal, me paraît indiquer que l'inscription d'Aphrodisias concerne un certain travail du fer.
(1) BCH 1983, 505-509. (2) Cl. Rapin, BCH 1983, 315-372. (3) H. Waldmann, Z. Pap. Epigr., 44 (1981), 102, n. 12. (4) Établi Bull. Êpigr. 1982, 441, où le texte est donné.