Dans quel sens exact peut-on parler du «réel»?

Réflexions à propos du livre de Bernard d'Espagnat: «A la recherche du réel»

(suite et fin)*

III. Ensemble de questions cruciales posées aux physiciens

J'aurais volontiers intitulé cette partie de mon exposé: «Questions à ceux qui savent». Je vais procéder, en effet, par mode de questionnements. En voici un premier groupe.

1. Dans quelle mesure est-on assuré — si on peut l'être vraiment — que les résultats actuels de la recherche en physique quantique 1) ont condamné, chez les physiciens, tout espoir de retour à l'idéal d'Einstein; 2) empêchent irrémédiablement des tentatives comme celles d'un Louis de Broglie, d'un Bohm, d'un Vigier etc. pour retrouver des «paramètres cachés»?

2. Dans quelle mesure des tentatives, comme celle d'un d'Espagnat, pour défendre ou, si l'on veut, postuler raisonnablement un «réalisme», tel qu'il le décrit, 1) ont-elles des chances de gagner du terrain en épistémologie de la physique quantique; 2) paraissent-elles acceptables, et donc aptes à convaincre les physiciens actuels, même ceux-là qui n'auraient pas en commun avec d'Espagnat les raisons extra-scientifiques de postuler un réel indépendant qui soit capable d'être, à certains égards, relativement approché et connu?

3. Aux yeux de physiciens actuels, est-il possible de dirimer le dilemme positivisme-nominalisme, versus réalisme (dans le sens où nous avons pris ces vocables), en restant strictement sur le terrain de la recherche scientifique? Ou, au contraire, le choix ne se réalise-t-il pas, de fait, en fonction d'éléments extra-scientifiques, susceptibles d'être