Quelques théories de la liberté

Kant avait laissé le problème de la liberté devant de sérieuses difficultés. Son travail était cependant à la base de tous les progrès ultérieurs, car non seulement il avait donné à ce problème une très haute portée philosophique (1), mais les termes mêmes dans lesquels il l'avait posé et essayé de le résoudre indiquaient la voie à suivre.

Au départ il y avait une évidence scientifique indubitable : celle du déterminisme causal, du rigoureux enchaînement des causes et des effets, la nécessité pour toute cause d'être causée et l'impossibilité de concevoir une faille dans cette série, une cause spontanée agissant ex nihilo. Et l'on sait comment Kant sauva la liberté en la situant dans le monde nouménal, au delà des atteintes de la science.

Du coup il introduisait une distinction fondamentale entre la causalité naturelle et la causalité par liberté, entre les événements du monde et les actes humains. Il s'agit là de deux ordres de réalité entièrement différents, et qui doivent le rester. Mais, d'autre part, cela conduisait Kant à affirmer qu'un même acte peut être entièrement déterminé sur le plan naturel (sans quoi il faudrait renoncer à la science), et entièrement libre sur le plan nouménal, posséder à la fois un caractère empirique et un caractère intelligible <2).

La conséquence de ce dualisme se fit bientôt connaître : « On peut donc accorder que, s'il était possible pour nous d'avoir de la manière de penser d'un homme, telle qu'elle se montre par des