PROBLÈMES DÉLIENS

I) Naos, escharôn, hestiatorion dans le sanctuaire des Dioscures.

Sur la rive occidentale de Délos, à peu près à mi-chemin entre le sanctuaire d'Apollon et celui d'Asclépios dans la baie de Fourni, ont été exhumés les vestiges dévastés d'un modeste lieu de culte (123 dans le Guide de Délos) installé à flanc de colline, au cœur d'un quartier populaire dont l'isolait un mur de péribole pourvu de deux portes d'entrée, l'une à l'Est; l'autre à l'Ouest (fîg. l)1. Comme la pente naturelle de la. colline s'élevait du Nord au Sud, il avait été nécessaire, à l'époque où fut aménagée la terrasse, de creuser horizontalement le rocher, au Sud, et de déverser le déblai en contrebas, au Nord, ensevelissant ainsi les restes très incertains de deux constructions plus anciennes, peut-être un temple et un autel primitifs (fig. 1, F et G). En l'état où nous le voyons aujourd'hui, le sanctuaire comprenait un bâtiment rectangulaire en gneiss (A) incorporé sur deux côtés dans le mur de péribole, un autel en marbre du type ionique in antis (B), peut-être (mais rien n'est moins sûr) un second autel au Sud du « temple » A (C), enfin, dans l'angle Sud-Est, une construction oblongue fort médiocre (E) dont la date et la fonction sont également indéterminées. Une seule inscription a été exhumée sur place, mais très intéressante (fig. 2 et 3) : un certain Athénobios, élu par tirage au sort prêtre des Dioscures, se glorifie, en cinq distiques, d'avoir « rendu tout leur éclat » aux statues des deux divinités délabrées « par la crasse de l'oubli », de les avoir, une fois rénovées, installées « dans le prodomos », et d'avoir rétabli en leur honneur la procession officielle tombée en désuétude2. Il s'agit donc d'une véritable restauration du culte. Se fondant sur le témoignage de cette inscription unique, M. F. Robert conclut que « ce sanctuaire est sans nul doute le Dioscourion, maintes fois cité dans les actes de l'administration financière sacrée ».

Dans sa thèse, Ph. Bruneau observe que le sanctuaire GD 123 correspond mal au signalement du sanctuaire des Dioscures tel qu'il apparaît dans l'épigraphie délienne3. Il ne contient en effet qu'un seul bâtiment, le temple A, alors que les