POUR UNE ÉTUDE DE LA NOTION DE SALUT CHEZ LES PÈRES APOSTOLIQUES
PRESENTATION DU VOCABULAIRE
Introduction
But poursuivi
Si le christianisme de langue latine s'est trouvé dans l'obligation de créer un vocabulaire particulier pour exprimer la notion qu'il se faisait du salut, montrant par là l'intérêt qu'il lui accordait et l'originalité qu'il lui reconnaissait, il n'en fut pas de même pour le christianisme de langue grecque. Celui-ci en effet, n'a pas eu à inventer un vocabulaire qui existait depuis longtemps, que la Septante avait déjà adapté à la théologie juive et que la génération apostolique avait réinvesti d'une charge proprement chrétienne. Les chrétiens de langue grecque ne furent donc pas amenés à prendre « linguistiquement » conscience du salut.
Une telle constatation n'est pas pour nous détourner d'une approche spécifiquement liguistique de la notion qu'ils avaient du salut, bien au contraire (1). En effet, le lecteur d'un texte extérieur à sa propre culture a autant sinon plus de chance d'approcher une notion qu'un auteur se fait ou qu'une mentalité véhicule s'il ne s'est produit aucun trouble d'ordre linguistique : l'utilisation inconsciente ou machinale d'un terme peut être plus révélatrice de sens que son emploi expressément voulu. Nous ne tenons pas particulièrement à ce que le non-dit d'un discours soit le véritable discours dont il faille décrypter le sens, et
(1) Notre présentation du vocabuiair-e du salut chez les Pères Apostoliques se distingue par ce fait de celle du Theologisches Wôrterbuch de Kittel.