LA PERSÉCUTION DES CHRETIENS ET LA THÉOLOGIE DU POUVOIR A ROME

(Ier-IVe s.)

L'attitude des chrétiens vis-à-vis du pouvoir impérial a été diversement jugée : l'apologétique a exalté le courage des martyrs et stigmatisé la répression sanguinaire des princes, tandis que la critique rationaliste se penchait avec attendrissement sur la sceptique indulgence du paganisme finissant et s'insurgeait contre l'obscurantisme doctrinaire de l'Eglise triomphante. Entre ces opinions extrêmes, de multiples nuances se sont fait jour, mettant en relief l'un ou l'autre aspect du problème et donnant naissance à de nouvelles discussions. Bref, le sujet n'est pas « neuf » et, compte tenu de sa richesse passionnelle ou de son passé historiographique, nul ne peut prétendre y apporter de solution définitive. Pourtant l'historien de l'Antiquité, intéressé par l'étude comparée des religions, le patristicien, penché sur l'analyse des Pères apologistes, le juriste, attaché aux arcanes du droit romain, ne peuvent s'empêcher de s'interroger sur la signification du fait chrétien dans l'Empire. Quelles que soient les convictions de chacun, le rejet, puis l'intégration de l'Eglise posent une question qui mérite que l'on s'y arrête, même si une problématique, posée en termes de mentalités, est susceptible de se renouveler à chaque génération.

Si l'on considère les chrétiens aux Ier et IIe s., de prime abord on constate que, contrairement aux Juifs, ils mènent la vie quotidienne la plus ordinaire, sans se distinguer par des caractéristiques bien définies : «... sans laisser de fréquenter votre forum, votre marché, vos bains, vos boutiques, vos magasins, vos hôtelleries, vos foires et autres lieux de