LE ROLE DU CAPITAL
DANS
LA VIE LOCALE ET LE COMMERCE EXTÉRIEUR
DE VENISE
ENTRE 1050 ET 1150
Les notules du notaire génois Jean, dit Scriba (1), forment la série la plus ancienne de documents que nous possédions sur l'activité économique d'une ville maritime de l'Italie au moyen- âge ; elles mettent en relief, avec une merveilleuse précision, la situation à Gênes et dans les rapports de Gênes avec la Syrie et les pays musulmans, au cours du troisième quart du xiie siècle (2). Les chroniques et les actes nous renseignent, au contraire, d'une façon peu nette et simplement incidente, sur le rôle du capital dans les villes italiennes pendant le xie siècle et la première moitié du xne ; Venise seule fait exception dans une certaine mesure : on a extrait, de ses Archives de l'État, des documents isolés de cette période, relatifs à la propriété foncière, à l'établissement et l'exploitation de salines, aux parts de bateaux et d'ancres, aux prêts et aux contrats commerciaux dans le trafic tant local qu'avec l'extérieur ; et ces documents ont servi de base à d'intéressants et
(1) Monumenta Historiae patriae, Chartarum II, Turin, 1853.
(2) A. Schaube, Handelsgeschichte der romanischen Völker des Mittel- meergebiets bis zum Ende der Kreuzzüge, Munich, 1906 ; Ε. Η. Byrnk Genoese Trade with Syria in the ttvelfth Century, dans American Histo- rical REViEwJanvier 1920 ; André E. Sayous, Der moderne Kapitalismus de Werner Sombart et Gènes aux XIIe et XIIIe siècles, dans Revue d'Histoire ÉCONOMIQUE ET SOCIALE, 1931.