SANCTUAIRES URBAINS : ACTEURS OU TÉMOINS DE L'URBANISATION ?

Les exemples de Gerasa et de Palmyre

Les cités hellénisées du Proche-Orient, accessibles à la recherche, ne nous sont aujourd'hui connues que par leurs développements des époques romaine, byzantine ou arabe. Protégés par les constructions des premiers siècles de notre ère (trop monumentales, trop bien préservées pour pouvoir être démontées), ou entièrement détruits lors de la mise en œuvre de bâtiments plus récents, les niveaux hellénistiques de ces villes restent insaisissables.

En outre, peu de sites ont fait l'objet de fouilles extensives. Les différentes phases de développement des structures urbaines postérieures au tournant de l'ère ne sont que très inégalement et imparfaitement connues. Il en est de même de leur datation. De plus, si les grands monuments, en particulier les sanctuaires, ont, en général, fait l'objet d'études approfondies, la plupart des réseaux viaires ne sont connus que par des dégagements de surface. Dans la plupart des cas, la datation de leurs éléments constitutifs (portiques, chaussées, pavages, boutiques...) n'est pas assurée. Enfin, la simple chronologie relative entre la voirie et les monuments qu'elle dessert reste souvent incertaine. Dans ces conditions, la tentation est grande d'avoir recours à des schémas bien connus et stéréotypés d'organisation urbaine pour expliquer la forme prise — ou supposée prise — par ces villes orientales : « fondées à l'époque hellénistique » leur conception d'ensemble serait ancienne, planifiée selon les principes hippodamiens. La voirie précéderait la mise en place progressive du bâti, les différentes constructions, y compris les domaines divins, remplissant peu à peu les îlots ménagés entre les rues.

Topoi 9 (1999), fascicule 2 p. 833-848