Couverture fascicule

Alain Boutot, Heidegger

[compte-rendu]

Année 1991 84 p. 688
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688 Comptes rendus

Un vol. 18 x 12 de 128 pp. Paris, Presses Universitaires de France, 1989.

Présenter derechef, de façon succincte, l'œuvre de l'illustre sage de la Forêt Noire, pourrait sembler entreprise au moins aussi audacieuse que celle qui consisterait à raconter Parsifal à un wagnérien entre deux haltes d'ascenseur. A. Boutot s'y est pourtant risqué et son exposé, pour conventionnel qu'il soit, peut être en mesure de constituer une excellente introduction à la pensée de Heidegger pour un lecteur curieux, soucieux d'être averti et point trop exigeant. En quelques pages, une telle étude ne saurait être exhaustive et l'auteur, le premier, l'admet. Aussi, les grands jalons biographiques une fois alignés, et dans une approche pédagogique que l'on peut apprécier, A. Boutot propose de retracer le cheminement et l'évolution de la pensée heideggerienne de l'être à compter de l'époque «héroïque» de l'ontologie fondamentale, jusqu'aux dernières réflexions sur la technique, sur la modernité, et sur l'œuvre d'art et la poésie qui succèdent à la «Kehre», au grand tournant «quiétiste» et «mystique» inauguré par le philosophe dès 1930 avec la conférence sur L'Essence de la vérité.

Mais si l'on peut se réjouir que cet opuscule, par son aspect didactique, contribue à faciliter l'accès aux grands concepts qui dominent la philosophie de Heidegger depuis ceux qui apparaissent dans Sein und Zeit (c'est-à-dire le Dasein, le monde, le souci, le temps) jusqu'aux méditations plus tardives sur l'Être et le logos à partir des commentaires consacrés par Heidegger à l'art et à la poésie d'Hôlderlin, et si Heidegger, comme conclut un peu platement l'auteur, «est incontestablement un des penseurs majeurs sinon le penseur majeur de notre siècle», il ne nous est jamais dit, en revanche, ce qui nous autorise à le considérer effectivement comme tel: pas un mot sur la spécificité de l'interrogation phénoménologique ni sur l'héritage heideggerien au sein de la tradition philosophique en général, pas une remarque sur les implications politiques et sur la signification du débat contemporain dont Heidegger est le centre. L'auteur nous donne une vision un peu lisse du philosophe qui fait figure de penseur isolé dans l'histoire, échappant aux oublis du temps et aux modes (sic), et le lecteur qui chercherait dans ces pages l'expression d'une seule zone d'ombre, d'une question irrésolue, ou qui serait en quête d'une raison valable qui l'engage à lire encore Heidegger aujourd'hui serait incontestablement déçu.

Pascale Seys.