128 • Comptes rendus

Un vol. 24 x 16 de 281 pp. Louvain-la- Neuve, Ciaco, 1985.

Après avoir évoqué brièvement ce qu'est le discours philosophique et souligné la dette que celui-ci contracte à l'égard des paroles qui le précèdent, l'A. annonce sa méthode qui prend la forme d'une méditation sur les valeurs, celles qui sont relatives à l'avoir (l'économie) et au pouvoir (la politique), les valeurs intellectuelles, esthétiques, affectives et morales, spirituelles et religieuses. Du coup il dessine une anthropologie générale, indissociable d'une axiologie.

Après une présentation critique des thèses marxistes sur les diverses formes de l'aliénation économique, il aborde la question du pouvoir politique, il en met à nu les racines psychiques, il en démonte les mécanismes sociaux. Le tableau est fondamentalement sombre: c'est le règne de la volonté de puissance et de l'art de l'envoûtement. L'histoire, il est vrai, illustre souvent ce jugement sévère, bien que la dénonciation renvoie implicitement à un pouvoir innocent et à sa nécessaire fonction sociale; l'A. aurait pu le souligner davantage et, surtout, présenter le pacte d'association, plus fondamental que le fait du gouvernement.

Le chapitre n porte sur les valeurs intellectuelles, régies par la double métaphore de la pénétration et de l'ouverture. La diversité des formes du savoir est judicieusement soulignée, de même que sont indiqués les risques auxquels l'esprit humain est exposé : folie, repli sur soi, dogmatisme, inflation de la technicité.

Les valeurs esthétiques font l'objet du chapitre m. L'A. entend dépasser les oppositions entre sujet et object, action et contemplation pour montrer le triomphe de l'art dans l'équilibre entre la technique, le sentiment et l'idée; il voit dans l'art une affirmation de la liberté, une protestation contre la tyrannie de l'avoir et du pouvoir car en lui c'est la gloire de l'homme qui s'annonce et s'anticipe.

Le valeurs affectives et morales sont à la fois distinguées et mises en rapport dans le chapitre iv. L'affectivité est finement décrite, en sympathie avec l'analyse thomiste; elle n'est pas pure passivité, elle est relation vivante dont les modalités vont de l'obscur sentiment de masse jusqu'à l'amour et l'amitié, elle est le terreau où la bonté peut prendre racine. Dans la bonté, la relation se fait accueil et respect de la dignité d'autrui. Le sens éthique devient effectif dans les morales historiques, le souffle d'idéal qui l'anime ne devient efficace qu'en inspirant des œuvres réalisables dans un monde affecté par la violence.

Vient enfin le dernier chapitre, consacré aux valeurs spirituelles et religieuses, qualifiées d'ultimes. L'A. y centre sa réflexion sur le rapport de l'homme au divin, il lie la valeur spirituelle à l'amour, plus fort que la