Connaissance et transcendance

Introduction à la pensée de Gustav Siewerth. II

Le premier volet de notre «introduction à la pensée de Gustav Siewerth»* nous a permis d'esquisser les lignes très générales de l'ontologie développée par «le penseur au cerveau de lion et au cœur d'enfant»1. L'intention de Siewerth est claire: il s'agit essentiellement de mettre en valeur les éléments augustiniens, dionysiens et bonaventuriens, pour tout dire: platoniciens, de la conception thoma- sienne de Y «esse», afin de permettre la fructueuse rencontre du thomisme et de l'idéalisme allemand. Une telle orientation de l'interprétation ne signifie pas que le thomisme aurait à sacrifier son sens du «réalisme intégral», comme dit Maritain: bien au contraire, cette perspective dégage la possibilité la plus assurée d'un réalisme non- dogmatique, mais certes pas critique au sens des kantiens, un réalisme qui inclue dialectiquement le moment idéaliste dans son déploiement spéculatif.

C'est pourquoi la métaphysique de Siewerth tient la «différence ontologique» jusqu'au bout, mais d'une manière qui diverge sensiblement de celle du penseur de la Forêt Noire: la «différence» fondamentale est celle de l'acte et de la subsistance, de façon à ce que l'étant soit positivement posé comme l'accomplissement, à chaque fois «bon» en soi, de l'être. Cette version de la différence tient la diversité sous la règle