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Horst Althaus, Hegel. Naissance d'une philosophie. Une biographie intellectuelle. Traduit de l'allemand par I. Kalinowski

[compte-rendu]

Année 1999 97-3-4 pp. 668-669
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668 Comptes rendus

Un vol. 20 x 14 de 606 pp. Paris, Editions du Seuil, 1999.

Si l'on excepte le livre, presque séculaire, de Roques, et si l'on écarte le compendium récemment paru d'articles très spécialisés de Jacques d'Hondt, la traduction que voici constitue la première biographie disponible en français de Hegel

Les chapitres strictement historiques sont de toute belle tenue: sans prétention littéraire ni effet particulier de méthode, ils donnent accès à une information sûre, érudite, rigoureuse. On suit avec facilité, et un plaisir certain, la carrière tourmentée du grand philosophe, balloté par les événements de ville en ville et de cours en ouvrages. Hegel s'y révèle d'un tempérament inquiet, miné notamment par de perpétuels soucis d'argent. On entre, pour ainsi dire, dans la Phénoménologie de l'Esprit ou L'Encyclopédie par une porte dérobée, l'entrée de service qui nous révèle, derrière la fastueuse spéculation, les étais dévernis d'un quotidien quelconque et les mornes loges où l'Esprit se recueillait hors de la scène.

A la différence de Jacques d'Hondt, dans le travail cité plus haut et que nous avions recensé dans ces colonnes, Althaus enfonce le clou de l'interprétation traditionnelle, selon laquelle Hegel, carriériste, opportuniste, s'est toujours tourné vers le pouvoir en place et ce qu'il convenait d'admirer. Conformiste, homme lent et lourd, largement distancé par Schelling, son génial et vif cadet du Stift, Hegel ne savait ni enseigner, ni surtout écrire: il y a certainement du snobisme à aimer la langue de Hegel, plus râpeuse encore que ne peut l'être celle de Descartes en français, et à apprécier l'idiome torturé d'un penseur tourmenté, dont le talent spéculatif n'a jamais su s'inviscérer dans l'éclat du verbe.

Hegel révolutionnaire, franc-maçon, Illuminé, partisan secret de l'ordre nouveau? Voilà qui ferait sourire le Hegel de Althaus, monarchiste en diable, lui qui n'avait autrefois dansé autour d'un arbre de la liberté en pleine effervescence républicaine, que par ce même réflexe d'accommodement qui le fera plus tard célébrer Napoléon dans une ambiance propice, et se faire toute flagornerie et pusillanimité quand on l'aura nommé «philosophe officiel de l'Etat» à Berlin.

Outre ce portrait peu flatteur du philosophe allemand, Althaus tente de brosser un panorama succinct des grandes thèses hégéliennes. Il rompt ainsi régulièrement le rythme des chapitres historiques par des sections spéculatives. Le lecteur fera sans inconvénient l'économie de ces pages souvent abstruses, chaotiques, point du tout pédagogiques et nullement explicatives, quand elles ne sont pas franchement superficielles (exemple: «La structure qui prime chez Hegel est la structure... thèse-antithèse-synthèse» (p. 287)!). Les allégories et la culture musi-

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