Miklos Veto, De Kant à Schelling. Les deux voies de l'idéalisme allemand. Tome II (Krisis). Un vol. 16 x 24 de 542 pp. Grenoble, Jérôme Millon, 2000.

Comment éviter de tomber dans le dithyrambe avec un panorama aussi heureux — et inédit — de l'idéalisme allemand que celui en deux tomes, signé Miklos Veto et que conclut l'ouvrage ici présenté? Bien des aspects de ces livres, et singulièrement du second, appellent à l'abus adjectival.

Ce qui frappe d'abord est la clarté des exposés de M. Veto: le professeur évite tout charabia et les manières de clins d'œil entendus dans lesquels beaucoup de ses confrères se complaisent. La performance pédagogique exceptionnelle de ces pages doit être soulignée, à l'attention des lecteurs de bonne volonté qui sont souvent désappointés devant les prérequis exigés par tant d'autres présentations de Hegel, Fichte et Schelling.

Le dérapage laudatif est encore un danger réel, devant la si haute compétence scientifique qu'attestent notamment des clarifications si sereines et convaincantes de passages qui sont traditionnellement des croix pour les interprètes. L'A. ne connaît pas peu son sujet: sur une seule page d'exposé technique, ce sont cinq, dix, quinze références prises à travers toute l'œuvre d'un idéaliste — et parfois dans des opuscules connus des seuls spécialistes — qui défilent. Si maestria a un sens, c'est au travail de M. Veto qu'elle s'applique.

On l'aura compris: De Kant à Schelling constitue un événement editorial d'importance. C'est, en langue française, l'un des très rares exposés intégraux et sûrs de l'idéalisme allemand depuis Delbos, le seul sans doute où l'originalité du point de vue le dispute autant à la fidélité scientifique. Ces deux livres, disons-le franchement, ont leur place dans toute bonne bibliothèque philosophique, à côté du Lalande, du Bréhier, et de volumes de la Pléiade: ce sont des ouvrages majeurs.

L'angle selon lequel M. Veto aborde l'idéalisme allemand est déjà connu de nos lecteurs. A l'occasion de la publication du premier volume,