236 CLAUDE VATIN
DAMIURGES ET EPIDAMIURGES A DELPHES
Les institutions de la cité de Delphes restent sur bien des points encore obscures (1) ; au nombre des difficultés on peut compter la magistrature des damiurges (2). Les textes où ils apparaissent sont peu nombreux et échelonnés du ve siècle av. J.-C. au ive siècle ap. J.-C. ; ils se réduisent à huit : la loi de Cadys (3), le règlement de la phratrie des Labyades (4), l'acte d'affranchissement GDI 2189, le décret conférant le droit de cité à Télésagoros (o), le décret conférant le droit de cité à Aristoclès (6), le décret conférant le droit de cité à C. Julius Pudens (7), le décret sur la donation de Ménogénès (8), et un décret encore inédit.
Remarquons d'abord que dans aucun de ces textes les damiurges n'apparaissent à coup sûr comme un corps restreint de hauts magistrats (9) ; il n'y a pas de damiurge éponyme (comme à Camiros, à Cnidc, à Aspendos,
(1) Cf. G. Daux, Delphes au IIe el au ier siècle, pp. 425-439 ; et pour l'époque impériale, Em. Bourguet, De rebus delphicis imperaloriae aelaiis. (2) Cf. G. Daux, o. c, pp. 430-432 ; Em. Bourguet, o. c, pp. 41-47 ; FD III 4, 2, n° 98 (commentaire de R: Flacelière) ; J. Bousquet, BCH 1952, pp. 653-660 (à propos de la donation de Ménogénès) ; et M. Guarducci, L'istiluzione délia fralria nella Grecia antica e nelle colonie greche d'Iialia, Mem. Lincei VIII 2, (1938), pp. 70-71. M. Guarducci, qui aborde la question à propos de la phratrie des Labyades, considère les damiurges comme des magistrats de caractère religieux, mais n'apporte aucun argument sérieux à l'appui de cette thèse ; elle confond systématiquement « damiurges » et «épidamiurges ». Sur les damiurges en dehors de Delphes, cf. Schoeffer, R. E. IV 2, s. υ. Demiurgoi, col. 2858-2862; cet article (de 1901) est malheureusement périmé; l'étude de K. Murakawa, Dcmiurgos, dans Historia VI (1957), pp. 385-415, ne concerne que les faits archaïques. (3) FD III 1, n° 294 (Em. Bourguet) ; BCH 1926, pp. 3-106 (Th. Homolle). (4) Solmsen-Fraenkel, Inscr. Graec. ad inl. dial, sel., 4e éd. Teubner 193U, n° 49 ; Dareste- Haussoulier-Reinach, I.J.G. n° XXVIII. (5) SE G II, 294. (6) Em. Bourguet, De Rebus..., p. 44. (7) FD III 4, 2, n° 98 (cf. L. Robert, Éludes Anatoliennes, pp. 88-89). (8) Em. Bourguet, De Rebus, pp. 45-47 ; Laum, Sliflungen... II 37 ; E. Guq, Rev. Phil. XXXV 1911, pp. 183-193 ; J. Bousquet, BCH 1952, pp. 653-660 ; J. et L. Robert, Bull. Ep. dans REG LXVII 1954, n° 146, pp. 138-140. (9) Thèse soutenue par Em. Bourguet : « suspicari licet ejus collegii auctoritatem, etsi perraro in inscriptionibus memoratnr, non tamen minimam fuisse. » (p. 42), « Nostri magis interest demiur- gos semel sane consilio populoque delphico suppares declarari de impertienda civitate » (p. 43).
