Abstract
La question de la temporalité est l’un des aspects les moins étudiés de la pensée de Patočka et elle est très peu discutée dans les débats internationaux concernant ses travaux. Cependant, elle revêt une importance décisive, car elle prépare son projet de phénoménologie asubjective. Cet article se concentre sur le cheminement qui mène à cette conception : il identifie les éléments théoriques et les conséquences asubjectives de l’analyse que le phénoménologue tchèque propose des Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps de Husserl. Le temps n’est plus considéré comme l’unité du flux subjectif constitué par la rétention, mais il est compris comme l’ajointement primordial du champ d’apparaître dans sa structure « déjà » unifiée d’espace-temps-qualités. Le fondement de la structure du temps ne peut donc plus être le présent vivant du sujet et son champ de présence. L’aboutissement de ce parcours critique, qui n’est pas analysé ici, nous confirme que la temporalité fait référence aux lois de l’apparaître et reste un enjeu central, car elle agit sur notre compréhension du monde et sur la relation sujet-monde dans l’histoire.