Abstract
Cet article prend acte de l’existence d’une pensée écologique chez Marx, consignée principalement dans les cahiers de notes consacrés à l’agriculture. Il propose de s’interroger sur les raisons pour lesquelles Marx en est venu, à partir de 1865, à prêter attention à la destruction des ressources naturelles entraînée par leur gestion capitaliste, alors qu’il ne s’était pas, jusqu’alors, montré sensible à cette question. L’hypothèse proposée, à partir d’une lecture attentive des extraits de Liebig recopiés dans le cahier de 1865-1866 consacré à l’agriculture et récemment publié dans le tome IV/18 de la MEGA 2, est la suivante : la manière dont Liebig décrit l’exploitation des ressources naturelles par l’agriculture capitaliste offre un parallèle frappant avec la manière dont Marx analyse l’exploitation de la force de travail dans le procès de production capitaliste au fil des différentes rédactions de ce qui deviendra le livre I du Capital. L’article présente plusieurs preuves textuelles de ce parallèle, et soutient qu’il offre une explication plausible du soudain intérêt de Marx pour la question écologique.