Abstract
La Critique de la faculté de juger ne relève pas seulement d’une théorie esthétique, pour originelle qu’elle puisse être. Elle met surtout en œuvre un nouveau discours philosophique. La critique de la métaphysique y est reconsidérée d’une manière positive, comme une réflexion sur la donation de sens à la croisée entre principes généraux et expériences contingentes. Le philosophe italien Emilio Garroni a développé ce nouveau point de vue sur le troisième Critique, en soutenant que, dans cette Critique, Kant a formulé une nouvelle forme de « libre schématisme », et en même temps la primauté de ce schématisme par rapport au « schématisme objectif » de la Critique de la raison pure. De manière générale, il partage l’idée que le schématisme représente le lieu théorique où Kant développe implicitement sa théorie sémantique. Lisant, comme Garroni, Kant après Wittgenstein, nous posons alors la question : qu’est-ce qu’une forme de vie après le langage?