Noesis 21:293-328 (
2013)
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Abstract
Cet article se propose d’étudier de quelle façon l’« Introduction à la métaphysique » de Henri Bergson fut traduite en chinois entre 1918 et 1921. En analysant trois traductions proposées successivement par Liu Shuya, Cai Yuanpei et Yang Zhengyu, l’auteur met en lumière différents enjeux de la traduction des œuvres philosophiques occidentales. En retraduisant en français ces textes chinois, il met en évidence les décalages linguistiques et culturels. Bien loin de condamner d’éventuelles maladresses des traducteurs, l’objectif est de rechercher les raisons et les conséquences de ces dernières. Ainsi, on constate que ces versions chinoises, réalisées par des intellectuels non francophones et non spécialistes de Bergson, ont été à l’origine, en Chine, d’une certaine moralisation du bergsonisme, et plus particulièrement de la notion d’intuition. Les échos culturels des mots employés ont déplacé le texte de Bergson vers de nouvelles problématiques.