Abstract
Malgré le refus que Wittgenstein semble avoir toujours opposé à l'idée d'une esthétique philosophique, son oeuvre et les nombreuses suggestions que contiennent ses divers propos se révélent riches d'enseignements, en particulier pour ce qui concerne les voies dans lesquelles certaines formes de discours sur l'art se sot engagées. La notion wittgensteinienne dejeu de langage est, sous ce rapport, éclairante. Elle permet de mettre au jour, ou du moins d'entrevoir, deux catégories de faits. Tout d'abord, elle offre une perspective critique intéressante sur le programme de ce que l'on s'est plu à nommer une “poétique”, dans le prolongement d'Aristote, de Jakobson et de Valéry. La poétique “structuraliste”, en particulier, se révéle solidaire d'une “philosophie” que ses ambitions théoriques ne suffisent pas à occulter. En second lieu, la notion de jeu de langage, chez Wittgenstein lui-même, est associée à une pratique d'écriture originale qui obscurcit les frontiéres que la philosophie, depuis Platon, s'est toujours souciée de tracer. Pour une “poétique des jeux de langage”, il existe, entre la “poétique” et la “philosophie” une double symétrie. La premiére — celle des structuralistes ou des néo-structuralistes —obéit à un programme plus “philosophique” qu'on ne croit; la second, en revanche, comme on le voit avec Wittgenstein, intégr une démarche “poétique” qui nous invite à penser à nouveaux frais ce que nous faisons