Abstract
André Malraux était un esprit inquiet que tourmenta l'angoisse d'être homme. De cette angoisse nous retrouvons partout la trace : dans sa prédilection pour des oeuvres et des artistes douloureux (Grünewald, Goya, Baudelaire, Dostoïevski), dans ses idées sur la création artistique puisque, selon lui, en refusant d'imiter les spectacles, les artistes s'opposent à un monde dans lequel ils n'ont pas choisi de naître et qui les ignore; un monde auquel ils veulent substituer celui de leurs oeuvres parce qu'ils le dominent. Pour l'auteur du Musée Imaginaire, "l'aventure de l'art au long des siècles" devient inintelligible si l'on écarte le problème métaphysique de la mort. Nous retrouvons jusque dans son style une tension et une dissonance que son lyrisme ne supprime jamais tout à fait. Auteur d'essais sur l'art mais d'abord romancier, Malraux justifie doublement la question de ses rapports avec l'esthétique. C'est à cette question que tente de répondre cet ouvrage.