Abstract
Dans cet article l'auteur examine dans quelle mesure les volumes 2 et 3 de l'Histoire de la sexualité prolongent le projet formulé dans le premier volume ou rompent avec celui-ci. En 1976 Foucault dessine les contours d'une nouvelle analytique du pouvoir, formant l'horizon théorétique d'une étude prévue sur la relation positive entre le pouvoir et le savoir dans le „dispositif de sexualité". L'usage des plaisirs et Le souci de soi de 1984 dévient remarquablement de La volonté de savoir. Ils remontent dans le temps jusqu'au IVe siècle av. J.C., et ils dessinent les formes de problématisation et les techniques de soi par lesquelles l'individu se constitue en sujet moral de sexualité. Néanmoins, la continuité est plus grande qu'on ne le remarquerait à première vue. D'abord la critique de Foucault à propos de la conception répressive du pouvoir lui permettait de voir d'autres éléments moraux que la conformité aux codes. Ensuite, les relations de pouvoir forment l'horizon et la condition d'existence et de changement des problématisations morales. Avant tout, il s'agit d'un déplacement à l'intérieur d'un seul projet philosophique : les formes de savoir, les relations de pouvoir et les arts d'existence constituent les trois axes d'une généalogie du sujet, qui se veut „ ontologie critique du présent“. L'intérêt de Foucault pour les arts d'existence est motivé par une définition de la philosophie comme „curiosité“ et comme „ ethos", un travail patient et érudit de ,‚ se déprendre de soi-même“