Abstract
Un projet de recherche scientifique cristallise plusieurs tensions temporelles. Étudié en tant que dispositif, il transforme les pratiques de recherche et particulièrement les pratiques de communication. Dans le cas de la recherche en écologie, l’expérimentation en milieu naturel, emblème de la modernisation de la discipline, introduit la temporalité de phénomènes naturels difficilement maîtrisables. L’étude du projet Inbioprocess permet de suivre les pratiques communicationnelles de gestion du temps afin de concilier le travail expérimental en milieu naturel et le suivi d’un planning de projet. Pour cela, matériaux ethnographiques et discursifs sont complétés par des entretiens. L’action B du projet est centrée sur le détournement d’un bras de rivière dont la réalisation se confronte à certaines difficultés. Cette contribution met en évidence le rôle des productions discursives comme trace du rapport au temps et comme prise sur les événements naturels. Si les chercheurs naturalisent des critères temporels pour l’évaluation, l’écriture permet de faire récit de l’imprévisibilité. De même, la circulation de documents est à l’origine d’une nécessaire complémentarité des temps. Nous montrons également l’importance des pratiques d’ajustement et les risques liés à une hiérarchisation du temps court du projet sur le temps long de l’équipe. La gestion communicationnelle des temporalités apparaît comme un élément central de la réalisation d’un projet scientifique