Abstract

Résumé Cet article se propose d’étudier le processus par lequel se construit puis se perpétue une renommée savante en considérant le cas de Sylvain Lévi (1863-1935), professeur de langue et littérature sanskrites au Collège de France et qui fut pendant 15 ans (1920-1935) président de l’Alliance israélite universelle. On analyse la renommée de Sylvain Lévi sur les trois plans que sont le nom propre, l’œuvre et les actions dans lesquelles il s’est engagé. On montre que la position éminente de Sylvain Lévi, de son vivant, tient au fait que son double magistère d’homme de science et d’autorité morale est en pleine adéquation avec l’actualité de son temps. Mais au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les conditions historiques, politiques et sociales ne sont plus réunies pour soutenir ce type de position. La renommée de Sylvain Lévi est alors fragmentée selon les publics, et la mémoire de son nom s’efface même des reconstructions historiographiques portant sur les grandes figures intellectuelles de la première moitié du XXe siècle.