Abstract
La thèse centrale de van Fraassen dans son dernier ouvrage est que son interprétation modale de la mécanique quantique constitue une variante admissible de l'interprétation de Copenhague et que cette variante est résolument empiriste. Les moyens mis en œuvre pour défendre la thèse sont considérables – l'auteur fait appel à toutes les ressources de la littérature contemporaine sur la MQ et discute la plupart des auteurs pertinents – et le résultat est à la hauteur des promesses de l'ouvrage. Mais la thèse, abritée sous le couvert d'un œcuménisme herméneutique, ne parvient pas à dégager du dogme empiriste une interprétation de la MQ suffisamment radicale pour lui assurer un statut indépendant. C'est sous le signe du rationalisme cartésien que van Fraassen a d'ailleurs voulu placer son entreprise, puisqu'il cite dans l'épigraphe de son ouvrage le Descartes des Principes de la philosophie : «Que touchant les choses que les sens n'aperçoivent point, il suffit d'expliquer comment elles peuvent être […]». Et Descartes d'ajouter: «C'est tout ce qu'Aristote a fait».