Abstract
L’épidémie de Covid-19 et les mesures prises pour l’endiguer ont provoqué une crise qui se traduit par la perturbation de beaucoup de parcours de vie. À partir des données de l’enquête La vie en confinement, cet article étudie ces perturbations en plaçant la focale sur les configurations résidentielles, entendues comme l’association entre un logement et la composition du foyer. Les données permettent de documenter le confinement du printemps 2020, ainsi que la suite de la crise jusqu’à la fin de l’année 2020. En combinant des descriptions statistiques et une analyse des commentaires libres rédigés par les personnes ayant répondu, nous montrons l’importance des « turbulences résidentielles » et leurs liens avec les perturbations biographiques sur les plans familial et professionnel. L’installation de la crise dans la durée et le manque de perspectives temporelles amènent également des individus à reconsidérer leur projet résidentiel et à réajuster les horizons temporels en matière de logement, selon une logique d’anticipation de la crise et de sa temporalité, pour s’adapter aux contingences et incertitudes liées au marché de l’immobilier. L’analyse des « turbulences résidentielles » permet de mettre à jour la grande diversité des profils socioéconomiques des individus touchés par la crise sans, toutefois, négliger les dynamiques inégalitaires qui structurent la société française, la crise venant renforcer des situations de vulnérabilité vécues par des individus faiblement dotés.