Abstract
Si la traduction ou même l'interprétation dite « simultanée » se borne à poser des équivalences entre deux textes de langues différentes parlées aujourd'hui, à contenu supposé égal d'ailleurs, la transposition à la philosophie de cette convention pose un problème de fond : un texte facile à transposer serait un texte dont le contenu a été mis de côté. La traduction devient, au contraire, lieu et symptôme d'un problème de sens, celui de la pensée même. Il faut, pour le traiter, dépasser la question d'une simple différence linguistique entre langues parlées pour accéder au niveau plus profond d'entente et de communauté, existant davantage dans le temps que dans l'espace européen. La philosophie pense dans des langues mortes, avant d'être elle-même « traduite » dans la langue vivante de son auteur. C'est cette communauté d'appartenance aux langues dites « mortes » qui permet à la philosophie de s'écrire, de se comprendre, de se traduire. Les exemples à l'appui sont pris ici chez Heidegger, Descartes, Hobbes, Nietzsche. If translation or even so-called « simultaneous » interpretation contents itself with stressing equivalences between two texts of different languages as they are spoken today, with an implied equal content, transposing to philosophy such a convention stresses a true problem : a text that were easy to transpose would be a text whose content has been put aside. Translation then, on the contrary, becomes both seat and symptom of a problem of meaning, i.e. that of thought itself. In order to deal with it, one should overcome the plain problem of a mere linguistic difference between spoken languages in order to reach the deepest level of understanding and community far more present in time than in the European space. Philosophy thinks through dead languages before being itself « translated » into the living language of its author. It is indeed this community of belonging to « dead » languages which enables philosophy to be thus written, understood and being translated. The examples at hand are here coming from Heidegger, Descartes, Hobbes and Nietzsche