Clio 35:89-106 (
2012)
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Abstract
La couture et la broderie sont deux activités qui ont marqué, pendant des siècles, la présence féminine à l’intérieur de la famille. Parfois geste technique et nécessaire, parfois moment de formation et/ou d’évasion, la broderie a d’ailleurs constitué l’un des savoir-faire nécessaires pour la jeune fille bourgeoise vouée au mariage, nécessitant, pour l’affirmation de sa présence sociale, un trousseau. Par ailleurs, pendant ces derniers siècles, les femmes se sont emparées de l’écriture pour en faire à la fois un moment de réflexion, de gestion, de mémoire de soi et de la famille : en quoi ces pratiques se ressemblent-elles? En quoi la solitude, le repli sur soi, le silence, la lenteur, la précision du geste, le marquage deviennent, tout le long du xixe siècle, les éléments communs de savoir-faire qui contribuent de façon analogue à forger, dans l’espace et dans le temps, l’identité individuelle féminine et son insertion sociale? En quoi l’écriture de soi a accompagné, puis remplacé, le travail de l’aiguille?