Abstract
La philosophie medievale est en general mieux connue que ses auteurs. Ce livre s'interesse aux acteurs intellectuels auteurs des textes qui ont servi de materiaux a l'histoire de la philosophie medievale. Qui sont-ils? Dans quels lieux institutionnels et dans quelles conditions culturelles ont-ils travaille? Quelles conceptions se faisaient-ils de leur mission, de ses interets et de ses fins? Dementant un prejuge repandu, les scolastiques se revelent interesses a la politique culturelle; ils avaient une conscience aigue des enjeux epistemiques, ethiques et sociaux de leurs pratiques professionnelles. Cette etude documente ces autorepresentations et les contraste au moyen d'un regard plus exterieur, qui decrit les pratiques savantes des auteurs scolastiques et reconstruit leurs differentes conceptions du savoir et de la societe chretienne. A l'etude des contextes intellectuels et sociaux, elle presente des mises en serie, de la division des sciences a la structuration du champ social en eveque, docteur, moine et laic. A la lecture de textes issus de divers milieux et temps, elle articule des distinctions, entre clerc et laic, eveque et docteur, arts liberaux et arts mecaniques, sedentaires et peregrins, adulte et enfant, homme et femme, centre et peripherie, chretien et non chretien, theologie et philosophie. Conditions culturelles du savoir et contenus doctrinaux sont approches par des methodes irreductiblement differentes, qui convergent cependant sur un meme objet, le texte qualifie de philosophique par son auteur ou par ses historiens.