Abraham en Odysseus. Een confrontatie Van Levinas en Hegel

Tijdschrift Voor Filosofie 46 (1):92 - 135 (1984)
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Abstract

Depuis l'idéalisme allemand la figure d'Ulysse a été utilisée comme l'image de la pensée occidentale : Ulysse en tant que l'homme qui à travers son histoire et sa culture arrive à la connaissance de soi-même, ainsi se faisant vraiment homme. Cette idée d'humanité s'achève dans la pensée de Hegel. Or Levinas oppose à cette image la figure d'Abraham, quittant son pays non pas pour rechercher soi-même, mais absolument Autre. La rupture avec la tradition occidentale accomplie ainsi par Levinas implique qu'il s'oppose non seulement à Heidegger, mais encore à la pensée hégélienne par laquelle la philosophie est envoûtée. Les conséquences de cette rupture pour la pensée de Levinas constituent le thème central de cet article. La première partie développe la radicalité vers laquelle Levinas est poussé par son rejet de la tradition occidentale entière. Pour cela sa conception de la relation entre la métaphysique et l'ontologie est examinée à partir d'une recherche de sa position face à la phénoménologie husserlienne. Dans la deuxième partie la philosophie sociale est indiquée comme le noyau de l'antithèse entre Hegel et Levinas. La « Begierde » s'oppose au désir, le travail et l'histoire s'opposent à la jouissance et à l'eschatologie, la liberté à l'obéissance. Le refus de Levinas de penser la politique — car seule l'éthique réalise la rencontre avec l'Autre et l'obéissance à l'Autre — implique qu'il s'est privé des instruments aptes à une critique de la société. La troisième partie traite de la « dicibilité » de la pensée de Levinas. Derrida douta déjà de la possibilité de penser une altèri té absolue, c'est à dire, sans connexion nécessaire avec l'identité. Les difficultés de cet effort se produisent notamment dans le langage. Levinas a tenté de répondre à cette critique par l'interprétation de sa propre philosophie comme un scepticisme radical. Seulement un scepticisme dédisant tout Dit, est-il à même d'avancer ? L'article finit par l'énoncé de la présomption que Levinas en tenant tête à ce problème, pourrait s'approcher de la conception française moderne de la métaphore

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