Abstract
Dans cet article, en commençant par une analyse inédite de l’ Œdipe Roi de Sophocle, nous abordons le problème du statut du témoin oculaire et de sa prise de parole, ou mieux, de son « dire-vrai » en tant qu’acte de langage spécifique, notamment au sein de la littérature de témoignage. Nous soutenons que la question cruciale à poser à ce propos est celle de l’engagement du locuteur dans son discours, et que l’acte de témoigner va donc bien au-delà de la simple transmission d’une série de contenus ou d’informations. Cet acte se situe en effet sur deux plans : celui du lien éthique entre le locuteur et ce qu’il dit et celui du lien social entre le locuteur et ses interlocuteurs ou auditeurs. En nous inspirant des analyses de Michel Foucault sur la parrêsia et de J. L. Austin sur la dimension perlocutoire du langage, nous concluons alors que les récits de témoignage relèvent d’une « dramatique du discours » qui joue le plus souvent le rôle d’un véritable acte de résistance.