Abstract
L'essor de la perspective linéaire a suscité de nombreuses polémiques tout au long du Quattrocento et du Cinquecento, opposant les partisans d'une géométrisation artificialiste de la vision à ceux qui vantaient les qualités du dessin d'après nature ou invoquaient des arguments de nature physiologique. Ces débats peuvent être retracés à partir des quatre alternatives qui en constituent le noyau dur : champ de vision restreint vs. large ; immobilité vs. mobilité oculaire ; tableau plan vs. curviligne ; vision monoculaire vs. binoculaire. En retenant les premiers termes de ces quatre alternatives, l'histoire de la perspective a rejeté de nombreux systèmes hétérodoxes. Du point de vue de la mathématisation, l'intérêt de ces débats tient à ce qu'ils ont succédé, et non précédé, l'adoption du dispositif perspectif comme intersection de la pyramide visuelle. L'histoire de la perspective linéaire offre ainsi un authentique cas de justification a posteriori des fondements ou, pour ainsi dire, de mathématisation à rebours