Paris: Editions matériologiques (
2018)
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Abstract
Brisant l’image idéale de la science consensuelle, les controverses scientifiques sont aujourd’hui devenues un sujet privilégié de la sociologie et de l’histoire des sciences. Elles sont par ailleurs impliquées au cœur des débats sur les méthodes des sciences sociales. Si l’analyse des controverses scientifiques doit beaucoup aux approches inaugurées par les courants relativistes et constructivistes des années 1970-1980, ce livre montre que les études contemporaines ont tout à gagner à réintroduire ce qui a été le principal tabou des trente dernières années: la vérité. Cette conclusion n’est pas le résultat d’une méditation abstraite sur le destin de la sociologie et de l’histoire des sciences. C’est le résultat d’études de cas, portant sur des disciplines telles que la biologie (la thèse des générations spontanées, débattue entre Pasteur et Pouchet), de la médecine (le vitalisme opposé à la médecine expérimentale naissante), de la stéréotomie (les « Guerres perspectives » qui ont agité le Paris des années 1640), de la perspective (la mathématisation de la perspective dans l’Italie du 16e siècle) ou de l’optique (la question de l’intromission, discutée à Oxford). De querelles médiévales à des disputes plus récentes, ces études suivent un même fil conducteur : interroger les rôles de la rationalité, des conventions et des croyances collectives dans la construction des théories scientifiques. L’auteur défend une théorie incrémentaliste du progrès scientifique: pour autant qu’il suive des règles, le débat est un moyen pratique de tester la robustesse d’une théorie et de départager les théories rivales. Le fait que les débats soient souvent marqués par la passion et les émotions est sans intérêt ; l’important est que ces échanges réglés puissent, par la production d’arguments publics, s’approcher de la vérité. C’est une façon de répondre à la question : Pourquoi l’activité scientifique est-elle conflictuelle?