Abstract
Le but de cet article est une critique de la philosophie politique de M. Eric Weil. Par opposition à M. Weil, l'auteur définit la „politique" ici comme l'art du réalisable, à préciser comme : l'art d'arriver à court terme à une organisation de la société qu'on estime meilleure, et cela en employant tous les moyens permis. L'homme politique n'est pas, ainsi que l'affirme M. Weil, un „saint de Vtmiversel”, qui, en ce qui concerne l'emploi de la violence, se trouve au-dessus de la loi. Ce „politicien-éducateur” est en vérité l'appui des régimes totalitaires et est d'ailleurs inconcevable en dehors de ceux-ci. En outre la théorie de M. Weil contient un certain nombre de contradictions internes et, si on la mesure à la pratique, elle se trouve être déficiente à beaucoup d'égards. Contre la conception platonicienne de M. Weil l'auteur défend la thèse que la politique n'est pas une infraction, regrettable mais inévitable, à „la morale”. C'est la tâche de l'homme politique de supprimer toutes les absurdités, inconséquences et injustices qui entachent les structures de la société. Ce qui, concrètement, est absurde, inconséquent ou injuste n'est pas déterminé par „la morale”, mais par la conscience du droit et par le sentiment moral d'une époque donnée. Les „certitudes” d'où part l'homme politique ne sont pas des Idées platoniciennes, mais des hypothèses de travail, qui dérivent leur contenu non pas de la contemplation des Idées, mais d'une notion de ce qui est juste et désirable, notion qui est déterminée par les conditions matérielles et spirituelles et qui se trouve dans un changement continuel