Abstract
Dans le présent article, nous nous penchons sur trois types de justifications des hauts revenus des chefs d’entreprise et sur les inégalités qui en résultent. Selon la première justification, ces revenus sont justifiés par le mérite des dirigeants ; selon la deuxième, par la difficulté à remplacer les individus qui occupent ces postes ; selon la troisième, par la motivation à la performance que génèrent ces revenus. Nous tenterons de montrer qu’aucun de ces trois arguments ne permet de justifier les revenus actuels. Ils se butent à l’évaluation empirique, sont souvent indéterminés en ce qui a trait aux résultats qu’ils permettent de justifier ou sont moralement arbitraires. En fait, seule une version amendée de la troisième justification – fondée sur la motivation – passe tous les tests. L’effet de la rémunération sur la motivation permet de justifier certaines inégalités salariales, mais certainement pas de l’ampleur de celles que nous connaissons aujourd’hui